mardi 19 novembre 2013

Laurence BRIAT illustre Frédéric NIETZSCHE : Au Mistral, chanson à danser


LAURENCE  BRIAT  illustre FREDERIC  NIETZSCHE : Au Mistral, chanson à danser

LAURENCE  BRIAT
Au  Mistral,  chanson  à  danser
FREDERIC  NIETZSCHE
Editions Luis Casinada
Montpellier, 2013

12ème volume de la collection Parce que ! 


Montpellier deviendrait-il une grande ville? Assez grande pour que des sillons s'y creusent sans s'y croiser?
Aucun des deux éditeurs ne connaissait Laurence BRIAT, qui ne les connaissait pas non plus. Oui, mais voilà, ils ont fini par se croiser, et la ville reprend taille humaine, humaine, trop humaine (?) et il en est né "un livre pour les esprits libres", comme dirait un certain Frédéric Nietzsche, qui va bientôt compléter le trio.

Apparition furtive de Laurence Briat 


 
Apparition furtive de la geste nietzschéenne


Dans une salle minable de Montpellier (Pitot), j'étais allé soutenir deux ou trois amis menacés de noyade dans la médiocrité. Le gobelet à la main : "C'est nul... C'est nul... Oui, tout, sauf nous, et ça... Oui, et ça!..  Oui,  j'ai vu ça aussi... Ah! toi aussi, tu trouves! ... C'est évident... Tu connais? ... Non, et toi?.. Non... " Etc...
Et comme cet accrochage annonçait pour le lendemain l'ouverture d'ateliers d'artistes, je fis un noeud à mon mouchoir. 
Et nous voici, Luis Casinada au complet, dans l'atelier où se trouvait Laurence Briat, à voir, à admirer, à se faire présenter aux oeuvres. Trois coups d'oeil entre Sébastien et moi, et nous voici à raconter qu'anche noi, siamo éditori...
Restait le plus gros, présenter nos livres, et nous voici repartis, chez Isabelle Marsala qui nous accueillait dans son atelier.
... Et les deux parties, informées et satisfaites de toutes les susdites créations, il fût décidé de poursuivre, s'associer et d'aboutir à un livre.

Nous voici pensant à un livre (non, je plaisante!):
LAURENCE BRIAT. Illustration pour Au Mistral, de Frédéric Nietzsche

Quel? On savait pas. Le texte? On savait pas. La technique? On savait pas.
Quelques jours de réflexion avant la vraie rencontre, dans le vrai atelier, à Saint-Clément-de-Rivière.
Vous verriez mieux sur : http://www.laurencebriat.com/Site_Laurence/Portfolio/Pages/Photos_datelier

Comme on voit, la gravure tient une grande place dans le travail de Laurence Briat, mais non, elle fait pas que ça : elle dessine, elle peint, elle colle... Et tout cela séduit et déstabilise. Plaît et inquiète, parce que, derrière, ça résonne profond, un peu bizarre, un peu glas fêlé.

Nous avions - à titre d'exemple-  amené un texte de NIETZSCHE, celui qui clôture Le Gai savoir :  Au Mistral, chanson à danser (le texte complet ci-dessous, en fin d'article). Accepté d'emblée.
C'est un texte qui sonne comme un hapax (un moment unique) dans l'oeuvre. Loin de Wagner, loin des brumes de la folie, c'est un hymne au Mistral, à la Provence, au soleil, à la mer, à la danse, à la vie. La lumière dans un oeil qui l'engloutit toute, où elle se perd, pas pour rien, pourtant :


Mais je cause, je cause, comme si c'était tout ce que je savais faire. Mais nous faisons des livres !
Parlons-en !
Laurence se mit aussitôt au travail. Très vite, sept dessins arrivent. Du blanc, du noir, du bleu. Beaucoup de blanc, ce qui, on le sait depuis Pascal, dramatise le vertige et agite l'espace.

L'espace s'ouvre



LAURENCE BRIAT. Illustration pour Au Mistral, de Frédéric Nietzsche
l'homme y traine son ombre au soleil,
LAURENCE BRIAT. Illustration pour Au Mistral, de Frédéric Nietzsche

le ciel, la mer, la terre, tout est frontière,et mouvement

LAURENCE BRIAT. Illustration pour Au Mistral, de Frédéric Nietzsche

 Mais l'espace est à lui,
LAURENCE BRIAT. Illustration pour Au Mistral, de Frédéric Nietzsche

la vie est une danse dans tout l'espace du monde
LAURENCE BRIAT. Illustration pour Au Mistral, de Frédéric Nietzsche

même le plus noir, et Nietzsche sait de quoi il parle
LAURENCE BRIAT. Illustration pour Au Mistral, de Frédéric Nietzsche

lui, plus vivant que dieu, qui est mort.

LAURENCE BRIAT. Illustration pour Au Mistral, de Frédéric Nietzsche


Ouf !
Revenons vite au livre! C'est quoi, la couverture?
C'est encore l'Homme, c'est encore le Monde, c'est encore le Mouvement !
C'est aussi de l'encre et du pastel gras sur du papier.
Laurence Briat vient de finir les 20 dessins originaux
Vingt dessins originaux !!

Et hop! ficelle, cordon, plexi, alu, tout est en boite.
On signe les exemplaires :
Cérémonie de la signature des exemplaires
 Remarquez l'éditeur aux pieds de l'artiste.
Signature du livre par Laurence Briat

Et finalement, on présente aux foules dansantes et chantantes l'oeuvre finie au Parcours d'ateliers de Montpellier suivant, Isabelle Marsala nous accueillant encore dans son atelier 7 rue Belmont, les 23 et 24 novembre (2013). 

(Note : le même jour sera présenté le livre fait par Jean-Paul BOCAJ sur des vers d'Apollinaire. Mais c'est une toute autre histoire, voir le chapitre suivant). 


                                                            Rappel



Tous les livres de la collection PARCE QUE! se présentent sous un format 17 x 17 cm (pour les amateurs, celui des 45 tours vinyl). 
Un coffret en aluminium et plexiglas cristal permet deux "utilisations". On peut, au choix, s'en servir comme d'un livre, les lire, les feuilleter, les ranger sur les étagères d'une bibliothèque. Ou bien, les afficher au mur comme un tableau
En effet, la couverture est occupée à chaque fois par une illustration pleine page ne portant ni lettrage, ni marque de reliure.

Le tirage se fait sur papier Japon Awagami Hosho.
La reliure est du type 'à la chinoise', chaque feuillet étant doublé par un pliage sur lui-même, les fils de reliure sont masqués par les pages de titre et de frontispice.
Le tirage est de 20 exemplaires, ce qui, ôtés les exemplaires d'auteur et d'éditeur, correspond à 10 EXEMPLAIRES DISPONIBLES .
Tous les exemplaires sont, bien sûr, numérotés et signés. 
Adresse : barral.guy@neuf.fr



 Chose promise, chose due : voici le texte de Nietzsche : 
Au Mistral, chanson à danser 





Vent Mistral, chasseur de nuages,
Tueur de mélancolie, balai du ciel,
Toi qui mugis, comme je t’aime !
Ne sommes-nous pas tous deux
Les premiers-nés d'un même sein,
Au même sort toujours prédestinés ?

Là, sur les chemins glissants de rochers,
J’accours, dansant, à ta rencontre,
Dansant comme tu siffles et chantes,
Toi qui, sans navire et sans rames,
Libre frère de la liberté,
T’élances sur les mers sauvages.

À peine éveillé, j’ai entendu ton appel,
J’ai bondi jusqu'à la falaise,
Jusqu’au mur jaune de la mer.
Salut ! Déjà comme les flots clairs
D’un torrent diamantin, tu descendais
Vainqueur de la montagne.

Sur l’arène unie du ciel,
J’ai vu galoper tes chevaux,
J’ai vu le char qui t'emporte.
J’ai vu le geste de la main
Qui, sur le dos des coursiers,
Abat l'éclair de son fouet,

Je t’ai vu descendre du char,
Afin d’accélérer ta course,
Je t’ai vu fin comme une flèche
Tomber droit dans la vallée,
Comme un rayon d’or qui traverse
Les roses de la première aurore.
Danse à présent sur mille échines,
Dos des vagues, des vagues perfides
Salut à qui crée des danses nouvelles !
Dansons donc de mille manières,
Que notre art soit nommé libre !
Qu’on dise gai notre savoir !

Cueillons sur chaque plante
Une fleur pour notre gloire,
Deux feuilles pour notre couronne !
Dansons comme des troubadours
Parmi les saints et les putains,
La danse entre Dieu et le monde !

Qui ne sait danser avec les vents,
Qui s’emmaillote dans ses langes,
Se ficelle en estropié,
Qui se fait l’égal des Tartufes,
Des suiveurs de vertus,
Qu’il quitte notre paradis!

Chassons la poussière des routes,
Au nez de tous les malades,
Épouvantons les débiles,
Purifions toute la côte
De l’haleine des poitrines sèches
Et des yeux sans courage !

Chassons tous les trouble-ciel,
Noircisseurs, faiseurs de nues!
Illuminons le royaume des cieux !
Mugissons... toi le plus libre
De tous les esprits libres, avec toi
Mon bonheur mugit comme la tempête.

Et prends, pour que la mémoire
De ce bonheur soit éternelle,
L’héritage de cette couronne !
Jette-la plus haut, plus loin, au large,
Bondis à l'assaut des cieux,
Accroche-la — aux étoiles !
(traduction révisée par les éditeurs et l'artiste)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire