dimanche 16 novembre 2014

SÉBASTIEN HERVOUET dialogue avec FÉLIX FÉNÉON : LINOGRAVURES EN 3 LIGNES

(12) NOUVELLES EN  TROIS LIGNES INSPIRENT 
(12) LINOGRAVURES
Félix FÉNÉON et Sébastien HERVOUET complices !



Alors, on sort des sentiers tracés?
On quitte les collections connues?
Et on s'enveloppe de liège pour n'entendre plus crier les surprises extasiées?

Voici un livre où tout est mesuré, discret, mais dont tous les éléments éclatent comme des sentences de médailles : avers et revers se répondent et se rendent inoubliables : c'est le joli sort des maximes et des emblèmes.

Ceux qui ne connaissent pas les NOUVELLES EN 3 LIGNES de Félix Fénéon ne savent pas jusqu'où l'écriture peut aller. Marguerite Duras répétait que dans toute l'oeuvre de Sartre, il n'y avait pas 3 lignes de littérature. C'est vrai. Par contre, toute la littérature du monde est dans chacune des nouvelles en 3 lignes de Fénéon.
Et il faudra un jour relire toutes ses critiques d'art : ce sont toutes éclairs et lumières. Mais Fénéon ne voulait pas trop être lu, pas trop être connu.
Sébastien Hervouet lui répond sur le même ton : concis, précis, net. Il a le même oeil qui trie et qui condense.

Mais trêve de critique littéraire ou d'art, fi des esbaudissements, livre en main, en avant..!


Sébastien Hervouet complice de Félix Fénéon


Et hop, faisons un livre!
(

Belle allure

Chic !




Le livre, on l'a compris, est dans une couverture de liège, isolant de classe contre le chaud et froid et les bruits. Le magnétisme le retient fermé.
Et quand on l'ouvre, il se déplie.
Il passe alors de 10 à 72 centimètres, sans perdre rien de sa hauteur, qui reste de 11 cm.



Dépliage amorcé.

Tout déplié, c'est le défilé des mots et des choses

On peut toucher les reliefs de l'encre


 On peut faire de l'accordéon, on retombe toujours sur une vérité :

On est au centre du panorama, et on ne pense même plus à l'exploit de faire 12 linogravures sur une même feuille...


Mais qu'admirer n'empêche jamais le sourire, et jusqu'au rire, sans complexe !


Ribas marchait à reculons devant le rouleau qui cylindrait une route du Gard. 
Le rouleau pressa le pas et 
écrasa l'homme.


 V. Petit, de Marizy-Sainte-Geneviève (Aisne) voulait mourir, mais en joie ; il but 
deux litres de vin, 
un litre d'eau de vie, et mourut en effet.

A 80 ans, Mme Saout, de Lambézellec (Finistère), commençait à craindre que la mort l'oubliât ; sa fille sortie, 
elle s'est pendue.
 Un pendu, depuis deux mois-là, a été trouvé dans l'Estérel. De féroces oiseaux l'avaient, à coups de bec, 
absolument défiguré.

Allumé par son fils, 5 ans, un pétard à signaux de train éclata sous les jupes de Mme Roger, à Clichy : 
le ravage y fut considérable.

 Le soir, Blandine Guérin, de Vaucé (Sarthe), se dévêtit dans l'escalier et, 
nue comme un mur d'école, 
alla se noyer au puits.

 A Clichy, un élégant jeune homme s'est jeté sous un fiacre caoutchouté, puis, indemne, 
sous un camion, qui le broya

 A Trianon, un visiteur s'est dévêtu et s'est couché dans le lit impérial. 
On conteste qu'il soit, comme il le dit, Napoléon IV.

 On couronnait les écoliers de Niort. Le lustre tomba, et 
les lauriers de trois d'entre eux se teignirent d'un peu de sang.

 M. Colombe, de Rouen, s'est tué d'une balle hier. 
Sa femme lui en avait tiré trois en mars, et leur divorce était proche.

 "Aïe ! cria le rusé mangeur d'huîtres, une perle !" 
Un voisin de table l'acheta 100 francs. Prix : 30 sous au bazar de Maisons-Lafitte.

C'est au cochonnet que l'apoplexie a terrassé M. André, 75 ans, de Levallois. 
Sa boule roulait encore qu'il n'était déjà plus.

Ah! j'oubliais. Il n'y a que (!?) 17 exemplaires en tout et pour tout. 

Et, in fine, deux messages personnels.
DE G. : MERCI D'ËTRE À L'AISE
De O. : C'EST  BEAU, DADDY !! 

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