JEAN-PAUL BOCAJ
Il y a
GUILLAUME APOLLINAIRE
Editions Luis Casinada
Montpellier, 2013
13ème volume de la collection Parce que !
POURQUOI VIENS-TU SI TARD?
Quand Luis Casinada a repris ses activités, tout recommençait.
Nous voulions renouveler le style, et, si possible, ouvrir l'édition à de nouveaux artistes.
De tous les artistes qui avaient publié entre 1993 et 2003, seules les deux femmes peintres de Montpellier (Isabelle Marsala et Karen Thomas) ont été sollicitées.
Parmi les 11 premiers titres parus, 9 artistes étaient nouveaux aux Editions Luis Casinada.
Mais il y avait un crève-coeur : Jean-Paul BOCAJ !
Jean-Paul BOCAJ dans son atelier |
Il avait publié 2 livres chez nous. Un canard du 17e siècle : Naissance d'un monstre, et un texte de Michel ZOOM.
A contre-coeur (pour lui, pour nous surtout), Jean-Paul a dû attendre.
Heureusement, jamais 2 sans 3 !
ET NOUS VOICI REPARTIS POUR UN 3ème OPUS ! Et dieu sait si nous n'avons rien perdu pour attendre.
La première des choses qu'il faut dire, avant tout, c'est que BOCAJ EST FOU !
On lui a filé un texte de rien du tout (en quantité, pas du tout en qualité), ET IL A CRÉÉ 129 PEINTURES ORIGINALES !!
Je répète pour ceux qui ont mal entendu : 129 PEINTURES ORIGINALES !!!!
Quelques unes des peintures de BOCAJ illustrant APOLLINAIRE |
Ceci dit, voici des détails sur les travaux d'Hercule-Bocaj :
Nous lui avons proposé un très beau texte de GUILLAUME APOLLINAIRE paru dans Calligrames en 1918, écrit sur le front de la guerre de 1914-18 : IL Y A (texte à la fin de ce post).
Un des intérêts de ce poème est la quantité et la variété des images qu'il évoque. Et on peut faire confiance à Jean-Paul pour les faire résonner à fond.
Il y a, bien sûr, la guerre et l'amour, qu'il est impossible de séparer.
Une des peintures de BOCAJ illustrant APOLLINAIRE |
Une des peintures de BOCAJ illustrant APOLLINAIRE |
Une des peintures de BOCAJ illustrant APOLLINAIRE |
dés évocations du Mexique
Jean-Paul BOCAJ a aussi intégré quelques épisodes marquants de la vie d'Apollinaire : son incarcération comme voleur possible de La Joconde
ou son amitié avec Picasso :
Il est bien dommage (pour vous) que je n'inclue pas ici les 129 peintures bocajiennes.
Mais vous en trouverez 5 par exemplaire.
BREF, CE LIVRE EST UN MONUMENT !!
Ah! Un détail qui est loin d'en être un.
Nous sommes en 2013, et, curieusement, le consensus s'est établi pour "fêter" le centenaire de la guerre de 1914 dès cette année.
Cette guerre, qu'aucune lutte contre une idéologie toxique et perverse ne justifiait, a été et reste un crime contre l'humanité malgré les avenues Foch, Joffre ou Clémenceau qui pavoisent nos villes.
Parmi les morts pour rien, morts pour des intérêts qui n'étaient pas les leurs,
GUILLAUME APOLLINAIRE et ADRIEN FERRANDON,
le grand-père de Jean-Paul BOCAJ, à qui il dédie ce volume. Humblement, ses éditeurs s'associent à cet hommage.
Ils ont rajouté une médaille militaire ou un truc dans ce genre au bout de chaque ruban. Une rosette décorative : Dieu, que la guerre est jolie!
PHOTOS DE LA SIGNATURE DES EXEMPLAIRES :
Remarquez la présence pré-existante de Bocaj sur les murs de l'éditeur.
Jean-Paul, gaucher, bien embêté par notre reliure.
Rappel
Tous les livres de la collection PARCE QUE! se présentent sous un format 17 x 17 cm (pour les amateurs, celui des 45 tours vinyl).
Un coffret en aluminium et plexiglas cristal permet deux "utilisations". On peut, au choix, s'en servir comme d'un livre, les lire, les feuilleter, les ranger sur les étagères d'une bibliothèque. Ou bien, les afficher au mur comme un tableau.
En effet, la couverture est occupée à chaque fois par une illustration pleine page ne portant ni lettrage, ni marque de reliure.
Le tirage se fait sur papier Japon Awagami Hosho.
La reliure est du type 'à la chinoise', chaque feuillet étant doublé par un pliage sur lui-même, les fils de reliure sont masqués par les pages de titre et de frontispice.
Le tirage se fait sur papier Japon Awagami Hosho.
La reliure est du type 'à la chinoise', chaque feuillet étant doublé par un pliage sur lui-même, les fils de reliure sont masqués par les pages de titre et de frontispice.
Le
tirage est de 25 exemplaires, ce qui, ôtés les
exemplaires d'auteur et d'éditeur, correspond à 12 EXEMPLAIRES
DISPONIBLES.
Tous les exemplaires sont, bien sûr, numérotés et signés.
Adresse : barral.guy@neuf.fr
IL Y A, de Guillaume Apollinaire :
Il y a dans le ciel six saucisses et la nuit venant on dirait des asticots dont
naîtraient les étoiles
Il y a un sous-marin ennemi qui en voulait à mon amour
Il y a mille petits sapins brisés par les éclats d'obus
autour de moi
Il y a un fantassin qui passe aveuglé par les gaz
asphyxiants
Il y a que nous avons tout haché dans les boyaux de
Nietzsche de Gœthe et de Cologne
Il y a que je languis après une lettre
qui tarde
Il y a dans mon porte-cartes plusieurs
photos de mon amour
Il y a les prisonniers qui passent la mine inquiète
Il y a une batterie dont les servants s'agitent autour des
pièces
Il y a le vaguemestre qui arrive au trot par le chemin de
l'Arbre isolé
Il y a dit-on un espion qui rôde par ici invisible comme
l'horizon dont il s'est indignement revêtu et avec quoi il se confond
Il y a dressé comme un lys le buste de mon amour
Il y a un capitaine qui attend avec anxiété les
communications de la T. S. F. sur l'Atlantique
Il y a à minuit des soldats qui scient des planches pour les
cercueils
Il y a des femmes qui demandent du maïs à grands cris devant
un Christ sanglant à Mexico
Il y a le Gulf Stream qui est si tiède et si bienfaisant
Il y a un cimetière plein de croix à 5 kilomètres
Il y a des croix partout de-ci de-là
Il y a des figues de Barbarie sur ces cactus en Algérie
Il y a les longues mains souples de mon amour
Il y a un encrier que j'avais fait dans une fusée de 15
centimètres et qu'on n'a pas laissé partir
Il y a ma selle exposée à la pluie
Il y a les fleuves qui ne remontent pas leurs cours
Il y a l'amour qui m'entraîne avec douceur
Il y avait un prisonnier boche qui portait sa mitrailleuse
sur son dos
Il y a des hommes dans le monde qui n'ont jamais été à la
guerre
Il y a des Hindous qui regardent avec étonnement les
campagnes occidentales
Ils pensent avec mélancolie à ceux dont ils se demandent s'ils
les reverront
Car on a poussé très loin durant cette guerre l'art de
l'invisibilité